Occitanie, des zones « franchise friendly »

“Ô Toulouse...”
“Ô Toulouse...”

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Zones roses

Au sein des grandes villes et de certains territoires, des opportunités d’affaires se développent, grâce au soutien de l’investissement et de l’accompagnement au développement performants dans la région.

Pas moins de quatre milliards d’euros d’investissements d’ici 2020. En dépit des obstacles financiers et de la diminution des dotations de l’Etat, la cité rose et sa région ont décidé en 2016 de casser la tirelire. Un montant injecté au titre de la ville de Toulouse, de la politique de l’habitat, de la collectivité des transports et de la métropole en général, et qui semble faire la fierté de Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole : « nous avons privilégié un tel choix d’investissement alors qu’un contexte difficile s’est dessiné ces dernières années. Parmi les grandes métropoles françaises, une telle posture n’est pas franchement majoritaire. » La démarche doit servir de soutien à l’attractivité locale et de solution d’accompagnement à une croissance démographique qui ne se tarit pas. La seule ville de Toulouse enregistre chaque année plus de 10 000 nouveaux arrivants. L’une des grandes mesures récentes pour favoriser l’attractivité et le dynamisme commercial est le Small Business Act, entré en vigueur en 2015, destiné à faciliter l’accès des PME à la commande publique. Elle porte déjà ses fruits, puisque le niveau des dépenses vers ces entreprises est supérieur de 40 %.

Quand l’aire urbaine de Toulouse va bien, c’est un territoire bien plus vaste qui profite de la dynamique, selon les observations de nombreux décideurs de la région. On emménage en Haute-Garonne pour le climat mais aussi et surtout en raison du bassin d’emplois que représentent l’informatique, l’électronique, les systèmes embarqués et bien sûr l’aéronautique et l’aérospatial. Il s’agit généralement de familles avec enfants. En conséquence, le marché de l’équipement a le vent en poupe, et notamment les enseignes positionnées sur les offres relatives aux jardins, aux barbecues, à la construction, ainsi qu’à l’entretien et la maintenance de piscines.

Plus à l’est, le littoral assure toujours une présence touristique importante et une dynamique à l’ensemble de la région. En 2016, la fréquentation dans le secteur a augmenté de 1,2 %, tout comme au cours de l’année 2015, alors qu’en 2016, la fréquentation touristique s’est haussée de 1,2 % en Occitanie, comme en 2015, quand elle a baissé de 1,3 % pour la France métropolitaine dans son ensemble. Les enseignes du secteur de la restauration tirent ainsi leur épingle du jeu.

Les services à la personne forment un autre domaine porteur en raison du vieillissement démographique global dans la région. D’après un indice de l’Insee, qui désigne le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus pour 100 personnes âgées de moins de 20 ans, la population vieillit rapidement. Celui-ci était de 93 personnes en 1990 et est aujourd’hui de 118 personnes. Au niveau national, l’évolution a fait passer ce nombre de personnes de 68 à 99 sur la même période. A l’horizon 2030, cet indice devrait être de 145 pour l’Occitanie.

Des villes du littoral plus dynamiques que par le passé

Les domaines de l’alimentation et de la restauration ont le vent en poupe, comme en témoignent les ouvertures constantes de nouvelles boutiques sur le pourtour méditerranéen. Du côté de Perpignan, l’enseigne Baïla Pizza, positionnée sur la restauration italienne traditionnelle – et en particulier la pizza – s’est récemment implantée, tout comme Columbus Café & Co qui a élu domicile sur l’incontournable place des Loges. L’enseigne spécialisée dans les boissons chaudes Columbus et des Muffins « faits maison » a ainsi décidé de parier sur la ville des Pyrénées orientales pour poursuivre son incroyable ascension. Le concurrent Kusmi Tea s’est empressé d’en faire de même en août dernier, en ouvrant une boutique rue des Marchands, en plein cœur du centre historique. D’ici quelques mois, ce sera au tour de l’enseigne de dîners américains Memphis Coffee de rejoindre la liste des réseaux qui s’intéressent au fort potentiel perpignanais.

De l’autre côté de l’arc du littoral, Montpellier n’est pas en reste. Après avoir été absente pendant plusieurs années, Comtesse du Barry revient dans le centre, à deux pas de la place de la Comédie. Le site se caractérise par un dynamisme qui ne se tarit pas, assuré notamment par les nombreux touristes de passage et par l’importante population étudiante. Bagel Corner, qui essaime aux quatre coins du pays, s’était également installé récemment sur la place. KFC et la marque inspirée de la street food thaï Pitaya sont également à citer parmi les arrivées récentes. A noter que Montpellier recèle aussi un potentiel intéressant en matière de services aux particuliers. Après Vivaservices, c’était au tour d’Atout Ménage, spécialiste de l’entretien de la maison, de s’installer récemment au cœur de la ville.

Freins sociaux vs expansion économique

Si la métropole toulousaine est souvent citée en exemple pour son dynamisme et ses développements tournés vers l’avenir, l’essentiel de l’immense territoire occitan connaît une réalité toute autre. Les difficultés sociales sont très présentes. Le taux de chômage de l’Occitanie atteignait en 2016 11,6 % de la population active contre 9,7 % à l’échelle nationale. Le Languedoc-Roussillon plus particulièrement fait partie des territoires les plus touchés, ce qui implique un impact fort sur le pouvoir d’achat. Pour Charlotte Boisson, responsable du développement au sein de l’Institut d’études et de géomarketing Territoires et Marketing, « cette configuration signifie également une main d’œuvre facilement disponible sur les lieux de vente », notamment pour palier les pics d’activités annuels.

Le niveau élevé de la pauvreté est un autre problème de taille. Dans l’ancienne configuration administrative des régions, le Languedoc-Roussillon occupait l’avant-dernière place en termes de revenus par habitant. Les taux de pauvreté avoisinent la barre des 20 % dans les départements de l’Aude, du Gard, de l’Hérault et des Pyrénées orientales. La moyenne en France métropolitaine est de 14 %. Au-delà des maigres portefeuilles qui freinent la consommation, « les achats se traduisent par des arbitrages dans les choix. Dans ces cas, on ne se tourne pas nécessairement vers de nouveaux produits, mais la consommation de produits habituels et appréciés ne diminue pas pour autant, ce que les marques doivent avoir en tête malgré tout », indique Charlotte Boisson. Il importe donc de bien choisir son créneau. Un contexte qui permet d’imaginer que les habitants ne se tourneront sans doute pas massivement vers de nouveaux pôles commerciaux, en tout cas dans un avenir à court ou moyen terme.

Des accompagnements locaux qui essaiment

L’Occitanie est la première des nouvelles grandes régions françaises à organiser un salon de la franchise exclusivement consacré aux enjeux et problématiques de ces types de commerces et aux particularités des marchés dans lesquels ils évoluent. Les enseignes, les porteurs de projets, les représentants de la puissance publique, les conseillers et accompagnateurs ainsi que les têtes de réseaux se donnent rendez-vous le 14 novembre 2017, au Centre de congrès Pierre Baudis à Toulouse. Quelques 800 mètres carrés sont mobilisés pour des échanges, informations et partages d’expériences entre toutes sortes d’acteurs ayant des intérêts communs.

Si sa vocation première est d’abord de se focaliser sur les soutiens à l’innovation et à l’export, l’agence de développement économique régionale Madeeli apporte également son lot d’accompagnements et de pistes constructives pour les candidats à la franchise. Dans le cadre du Plan Entreprendre qu’elle a mis en place, des conseils personnalisés sont disponibles dans plusieurs domaines : les tests qui portent sur la pertinence des projets, les questions relatives au financement et les possibilités offertes, ainsi que l’orientation et les premiers pas de l’activité avec notamment les bonnes pratiques synonymes de départ prometteur. A noter que le savoir-faire de l’agence sera de plus en plus accessible sur le vaste territoire de l’Occitanie en raison de l’ouverture de nombreuses antennes. En 2018, quatre nouveaux sites complèteront le maillage territorial dans le département de la Haute-Garonne, du Tarn, de l’Aveyron, et le Gers. Une vingtaine de personnes ont grossi les effectifs en 2017 au sein des agences du Tarn-et-Garonne, de la Lozère, de l’Ariège et des Hautes-Pyrénées.

Le Club d’Entreprises Pyrénées-Méditerranée, qui a vu le jour en septembre 2015, quelques mois avant l’union des deux régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, joue lui aussi un rôle intéressant en la matière. L’idée n’était pas de créer un énième club, mais plutôt de rassembler les membres de clubs déjà existants, comme le club des réseaux de Montpellier, certains élus locaux et des ambassadeurs de chambres de commerce. « Avec l’implication de ces forces vives, j’ai proposé la création d’un cluster portant sur la franchise. Des indépendants ont innové à Montpellier dans certains créneaux, comme le bio par exemple, en créant des enseignes. Pourquoi ne pas présenter ces concepts aux acteurs toulousains et aider à leur développement ? Et Réciproquement, des initiatives originales toulousaines pourraient être reproduites du côté de Montpellier », explique André Deljarry, président de la CCI de l’Hérault et vice-président de la CCI régionale.

Le Prado

Le nouveau joyau commercial marseillais révèle ses contours

« Il faut s’appuyer sur les centres commerciaux pour développer une nouvelle attractivité », martèle Jean-Luc Chauvin, président de la CCI de Marseille-Provence. L’une de ses idées phares prendra bientôt une connotation très concrète. Après une salve d’attaques de la part de riverains, d’associations de commerçants et des débats à répétitions, le Prado verra finalement le jour en début d’année 2018. Ce vaste centre commercial de 23 000 mètres carrés doit être un des symboles du renouveau marseillais, au carrefour de l’espace urbain contemporain et de la place accordée à la dimension environnementale.

Situé à quelques encablures du rond-point du Prado, à côté du Stade Vélodrome, le lieu accueillera environ 50 magasins. Les Galeries Lafayette y occuperont une place de choix sur une superficie de 9 400 mètres carrés. Il s’agit de la pierre angulaire de site dont l’offre commerciale sera déployée sur quatre niveaux. Fin juin, plusieurs noms ont été rendus publics parmi les marques représentées. On y trouvera notamment Zara, Repetto ainsi que Pellegrin & Fils. Les trois quarts du centre commercial seraient d’ores et déjà assurés d’être commercialisés. Les boutiques seront accessibles autour d’un vaste espace convivial conçu pour attirer un maximum de visiteurs et optimiser leur flux. En matière de restauration, le Wagamama proposera de la gastronomie estampillée Thierry Marx. Big Fernand sera également disponible pour les amateurs de burgers. Les gourmandises sucrées pourront être satisfaites entre autre par les glaces Grom.

Le centre sera doté d’un toit végétal et recouvert d’une canopée en verre. Le Prado a été érigé pour répondre aux critères du plus haut niveau de la certification de performance environnementale Breeam. Il sera par ailleurs le premier centre commercial en France à s’inspirer de la démarche « Cradle to Cradle » qui met l’accent sur des matériaux recyclables et respectueux de l’environnement.

Mathieu Neu

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