L’heure de la reconversion a – plus que jamais – sonné !

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La brutalité d’une crise économique ne conforterait-elle pas l’hypothèse, qu’en temps de crise, la franchise tire toujours son épingle du jeu ? Un modèle qui a su de nouveau faire preuve d’entraide et de résilience. Au point d’attirer d’ancien·nes salarié·es, qui ont fait le choix de la reconversion en pleine pandémie. Plus que jamais, la franchise séduit des néoentrepreneur·es en quête de sens.

En 2020, la franchise – dans son ensemble – n’a connu qu’« une baisse d’environ 6 % de son chiffre d’affaires », rappelle Rose-Marie Moins, directrice développement et animation à la Fédération française de la franchise (FFF). Au regard du séisme économique qui sévit dans le pays depuis mars 2020 et le premier confinement, la franchise a sans aucun doute limité la casse. Mieux, les forces de ce modèle ont séduit… jusqu’à susciter de nouvelles reconversions !

Un soutien sans faille

Se sentir épaulé·e. Voilà l’un des grands atouts de la franchise. D’ailleurs, une enquête de la Banque Populaire en témoigne. Parmi les franchisé·es interrogé·es, pas moins de 93 % estiment avoir été accompagné·es par leur franchiseur pendant cette période covid. Une quasi-unanimité. « Les franchisés ne sont pas seuls mais accompagnés, puisque des intérêts communs les lient à leur tête de réseau […] De cette crise, je retiendrais notamment le collectif, essentiel » pour franchir le cap, remarque Corinne Gicquel, fondatrice de Reconversion en Franchise. Plus qu’un collectif, « une famille et donc un cadre réconfortant », surenchérit Agnès Defontaine, directrice générale exécutive de Betjeman & Barton, « marchands de thés à Paris depuis 1919 », une enseigne qui attire des converti·es.

C’est ce qu’on appelle communément ce troisième pilier propre à la franchise, l’accompagnement – en plus de l’enseigne et du savoir-faire – qui fait la différence en cette période. Plus qu’une posture théorique, dans les faits, les franchiseurs n’ont pas hésité à soutenir leurs franchisé·es. « Certains franchiseurs ont renoncé aux redevances régulières dont doivent s’acquitter les franchisé·es – logique au départ puisque les redevances sont calculées à partir du chiffre d’affaires, or certaines franchises en ont été privées –, mais on a constaté aussi des reprises de stocks de la part des franchiseurs », sans oublier un appui plus informatif avec des conseils sur « les droits aux aides et les démarches pratiques pour en bénéficier », liste Rose-Marie Moins, de la FFF.

Comme une envie de reconversion…

Crise ou pas crise, un grand nombre de salarié·es ont profité de ce moment de réflexion – en raison d’une activité ralentie – pour en finir avec leur vie d’avant. Et se reconvertir via la franchise. « Des comptables, secrétaires, cadres et même des infirmier·ères » ont troqué leur ancienne vie pour l’aventure au sein d’un réseau, illustre Corinne Gicquel, qui accompagne celles et ceux – surtout les femmes pour Reconversion en Franchise – qui désirent se reconvertir mais ne savent comment s’y prendre. À cette liste, Rose-Marie Moins ajoute « des militaires et des banquier·ères ». Bref, on retrouve tous les profils, y compris des métiers a priori stables. Agnès Defontaine, pour Betjeman & Barton, atteste de ce boom des reconversions : « Lors du premier confinement, je recevais plusieurs appels par semaine […] Certains ont abouti car il y avait un vrai projet derrière, bien au-delà de l’euphorie générale d’une volonté de changer de job. » De nouveaux et nouvelles franchisé·es, là encore de tous les horizons, des secteurs de la communication, logistique, du marketing, « pas de profil type ! » lance Agnès Defontaine.

Alors, pourquoi se reconvertir ? Souvent pour retrouver ce côté humain qui manque parfois au sein des grands groupes. « La franchise est avant tout une aventure humaine », estime Corinne Gicquel. Pour beaucoup de reconverti·es, « ils·elles avaient en tête ce projet depuis un long moment mais n’avaient jamais trouvé l’occasion pour se lancer, alors la crise a créé une sorte de déclic », observe Rose-Marie Moins. Et pour d’autres, licencié·es en pleine pandémie, un sentiment de faire de nécessité vertu les a poussé·es à relever la tête et à se lancer dans l’entrepreneuriat, notamment en franchise ! Pléthore de secteurs se retrouvent plébiscités, dont la restauration rapide, plutôt covid-friendly avec le click & collect et la numérisation. « J’ai aussi vu des agences immobilières qui continuaient à se créer, des activités autour de l’aménagement de la maison », témoigne Rose-Marie Moins. Gare toutefois aux marchés qui surferaient uniquement sur la vague covid, avec un horizon moindre, même si en effet la crise a accéléré certains marchés qui devraient rester porteurs post-covid comme « le commerce local ou les secteurs liés aux personnes âgées », prévoit Corinne Gicquel. Dans notre précédent numéro, nous faisions référence à la silver economy, la franchise a, sur ce créneau, un boulevard devant elle.

Comment s’y prendre ?

Alléchante sur le papier, la franchise : un accompagnement, un côté humain, des valeurs communes à l’enseigne, mais concrètement, comment procéder à une reconversion ? Par où commencer ?

D’abord, Corinne Gicquel en est convaincue : « Tout le monde n’est pas fait pour la franchise » ! Déjà, savoir si on a l’âme d’un·e entrepreneur·e, et puis surtout sortir des idées préconçues que l’on peut se forger sur la franchise. En finir avec cette croyance selon laquelle « on se repose sur un concept et on attend », non ! Bien entendu, on n’est pas seul·e, mais il faut tout de même « donner l’impulsion pour que notre projet fonctionne en local », souligne la fondatrice de Reconversion en Franchise. Entrer en franchise, c’est un esprit à avoir.

Dès lors que nous sommes parvenu·es à une vision claire de la franchise, voilà venu le moment de l’introspection. Moi, qu’est-ce que je veux faire réellement ? Qu’est-ce que j’aime ? Dans quel secteur je me vois ? Des questions multiples qui donneront aussi lieu à « un bilan de compétences », conseille Rose-Marie Moins. « Je ne suis pas forcément réduit·e à ce que j’ai exercé pendant vingt ans […] Je dois tirer leçon de compétences transversales, c’est-à-dire qui pourraient me servir dans d’autres domaines d’activité », explique la directrice d’animation de la Fédération française de la franchise. Ne pas hésiter à capitaliser son expérience passée. Chez Betjeman & Barton par exemple, les ancien·nes salarié·es qui viennent du secteur logistique « sont parfaitement à l’aise quand il s’agit de gérer les commandes » dans leur nouvelle vie de franchisé·es, remarque Agnès Defontaine. Bien entendu, certains métiers requièrent des diplômes comme la coiffure ou l’esthétique, il faut en avoir conscience. On peut aussi commencer par lister tout ce que « l’on n’a pas envie de faire » puis « affiner », propose Rose-Marie Moins.

Dès lors que mon choix se précise, qu’il s’arrête sur tel secteur plutôt qu’un autre, reste à déterminer l’enseigne qui me correspond. « Indispensable d’aller à la rencontre des enseignes, avec à la clé parfois un feeling, un coup de cœur », raconte Corinne Gicquel. Pour les enseignes, les petits détails comptent comme la manière dont « on accueille les candidat·es à la franchise, la façon dont on présente le réseau », pointe-t-on à la FFF. « Plus qu’un business plan à la hauteur, ce sont les qualités humaines que nous recherchons, comme l’écoute, le partage, des valeurs communes […] Je n’ouvre pas des boutiques pour qu’elles ferment, ce n’est pas le but, je dois voir la détermination des candidat·es à la franchise », précise Agnès Defontaine. Bref, aspirant·es entrepreneur·es, vous avez les cartes en mains. À vous de jouer – ou non – votre atout « franchise »…

Geoffrey wetzel

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