Saga : Atol et lunettes connectées

Une enseigne qui élargit le champ des possibilités…
Une enseigne qui élargit le champ des possibilités…

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Visionnaires assumés

Pionnière dans le « made in France », habile pour s’adapter aux nouvelles règles des complémentaires-santé, visionnaire face aux technologies naissantes, Atol trace sa voie, quelles que soient les époques.

Peu d’enseignes peuvent se targuer d’avoir quadruplé le nombre de magasins en 15 ans, à plus de 800 aujourd’hui, et d’avoir multiplié leur CA par 2,8 en 10 ans, à 400 millions d’euros. Atol, c’est aussi une usine créée à Beaune, un bassin d’emplois sauvé dans le Jura ; des innovations permanentes, comme le lancement des lunettes connectées « Téou », en partenariat avec des start-up bretonnes. La coopérative, dont les égéries Antoine puis Adriana Karembeu ont fait le succès, n’est pas qu’une entité communicante, elle est aussi une organisation flexible qui sait s’adapter aux nouvelles donnes.

Une histoire à plusieurs points de bascule

La SA Atol (l’Association des Techniciens en Optique et Lunetterie) a été créée en 1970, fabriquant des articles de lunetterie. Coopérative depuis 1982, elle emploie désormais 220 collaborateurs répartis au siège en région parisienne et sur le site industriel et logistique de Beaune. Le réseau de franchise compte 800 magasins, soit la quatrième en optique dans l’Hexagone. Elle n’est pas une société coopérative de production (SCOP), car chaque opticien a un statut de commerçant indépendant. Le secteur a été bouleversé par l’intrusion des complémentaires-santé, qui n’ont plus voulu être les « payeurs aveugles », mais « payeurs avisés », manifestant beaucoup plus d’exigences envers les prestataires dans les réseaux de soins. Les marges qui étaient confortables ont donc chuté, obligeant tous les acteurs à délocaliser la production de verres et de montures, ou même le montage. Mais Atol a inversé le mouvement. « Quand les sous-traitants de la vallée de Morez dans le Jura ont compris notre ambition, ils ont accepté de collaborer pour notre licence Ushuaïa. Nous avons commencé à rapatrier en 2004 la production de lunettes métal en France, puis en 2006 les lunettes plastiques (en Bourgogne et dans le Haut-Jura). Arnaud Montebourg, directeur de campagne de Ségolène Royal, était très intéressé, et nous a cités par la suite dans son livre. La concurrence a suivi », se souvient Philippe Peyrard, ex-Dg. délégué pendant 20 ans, qui a depuis créé sa start-up de lunettes connectées, Ellcie-Healthy.

Transformation manageriale continue

« Un retour peu évident, qui nous a coûté très cher durant deux ans, sans augmentation des prix. Il nous a fallu rationaliser, investir dans des machines, de nouveaux procédés (disparition des vis dans les produits), faire des efforts avec les équipes (passage au 3*8), et surtout innover, avec les lunettes aux décors inter-changeables sur les branches ; aujourd’hui les lunettes sont fabriquées en 3D à la demande sur le site », retrace Philippe Peyrard, féru de technologie, à l’époque très soutenu par le président Gérard Coulon. Car c’est aussi l’organigramme qui a évolué en parallèle de ces transformations. Ainsi, alors qu’auparavant le président était élu par ses pairs les opticiens, il nommait un Dg. délégué, opérationnel, qui était son alterego. Eric Plat, devenu président en 2010, change en 2015 ce fonctionnement en binôme opticiens terrains/experts métiers, pour constituer autour de lui un véritable état-major. « Il nous fallait plus de transversalité, pour par exemple travailler sur les lunettes connectées dans quatre directions : Home care (environnement proche dans la maison), drive care (en voiture), junior care (myopes des jeunes), senior care (perte d’autonomie). Mes « confrères » échangent en continu, afin de faire à chaque fois appel à une multitude de compétences, pour des produits ergonomiques sans problèmes techniques. Ces pôles de direction étaient la meilleure organisation possible », résume celui qui est aussi depuis 2014 président de la Fédération du commerce coopératif et associé. Un décloisonnement bienvenu, quand le danger est de trop charger les produits en technologies ou gadgets. De quoi aussi faire remonter l’information terrain et être plus accessible pour le réseau. « C’est une coopérative comme Krys, ce n’est pas de la franchise pure et dure comme Afflelou ou Optical Center, et j’estime que c’est très souple. Nous sommes tous actionnaires et à ce titre ne suivons pas aveuglément les ordres », résume un commerçant du réseau.

Et demain ?

Atol négocie un nouveau virage avec son plan stratégique Transform’Atol 2016-2020, qu’elle a initié en septembre 2015 avec ses lunettes connectées Teou géolocalisables. « Pour aller plus loin nous nous sommes aperçus que les consommateurs étaient à 80% en attente d’informations sur leur corps. Nous avons noué des partenariats avec nombre de start-up, pour répondre à un vrai besoin. Le but est que la technologie s’efface. Il nous faut intégrer la révolution : nous étions un fabricant de lunettes, et devenons un fabricant de solutions », entrevoit Eric Plat. Les lunettes du futur recueilleront des données comme le nombre de pas, les pulsations du cœur, le taux d’hydratation, d’exposition aux UV, ou encore analyseront la sueur pour les diabétiques. Elles seront capables de prévenir des chutes de seniors dépendants ou de réveiller celui qui s’endort au volant. Bref, elles ne seront pas des lunettes connectées, mais intelligentes. La coopérative vient aussi d’inaugurer un nouveau concept de point de vente connecté, sanctuaire du parcours digitalisé du client, un peu calqué sur l’Apple Store. On y favorise la transparence pour que les opticiens-vendeurs soient proches des clients, lesquels ont la possibilité d’essayer virtuellement sur iPad les lunettes. Un changement radical de gouvernance était nécessaire pour casser les silos et s’adapter à de nouvelles exigences, comme Atol a toujours su le faire depuis sa naissance…

Julien Tarby

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