Covid : le 1er anticorps français entre en phase d’essai clinique !

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Nous avons soutenu depuis le début l’aventure de la biotech nantaise Xenothera. Désormais si proche du but…

Olivier Magnan, rédacteur en chef

Où il est à nouveau question de Xenothera… Les lecteur.trices attentif.ves suivent avec nous, depuis le début, l’aventure de cette biotech nantaise emmenée par une docteure d’exception, Odile Duvaux. En guise de résumé des épisodes précédents, je rappelle que cette start-up s’est attelée depuis cinq ans à la mise au point du XAV-19, préparation d’anticorps polyclonaux hyperimmuns [sérum de sujet immunisé, en l’occurrence artificiel, contenant des anticorps de spécificité connue] dirigés contre le Sars-CoV-2, le fameux virus à l’origine de la covid-19. L’activité thérapeutique du sérum engendre trois effets : « D’une part, explique Xenothera, la neutralisation du virus par blocage de son entrée dans les cellules du patient, d’autre part, l’absence de risque d’ADE (augmentation dépendante des anticorps, mécanisme d’aggravation de la pathologie dû aux anticorps du patient), enfin la réduction du phénomène inflammatoire […] Il sera administré aux patients hospitalisés pour éviter leur aggravation et leur passage au stade d’insuffisance respiratoire aiguë qui nécessite une admission en réanimation. »

En quête de fonds pour monter ses expérimentations cliniques, la biotech s’est battue pour décrocher des subventions de sa région, puis Bpifrance a joué parfaitement son rôle en la créditant de 2,3 millions de ressources – avec les aléas habituels du déblocage. Un exemple de l’énergie dont se montre capable une petite structure passionnée, persuadée de l’efficacité de son traitement, sans même penser, en l’état actuel de son combat, aux retombées financières auxquelles elle pourra prétendre : suivie par son conseil d’administration, Odile Duvaux fait partie de ces chercheur.ses capables de s’impliquer dans la complexité scientifique de son produit tout en faisant face aux contraintes de la gestion d’une start-up et des processus administratifs exigés pour aboutir aux premiers essais cliniques.

D’ici à une dizaine de jours, l’Agence nationale de la sécurité du médicament donnera son feu vert, de quoi traiter le premier patient et les suivants. Or la chute de l’épidémie rend paradoxalement plus difficile la constitution de cohortes cohérentes à travers les hôpitaux encore confrontés à la covid. Mais Odile Duvaux en est certaine : le XAV-19, anticorps synthétique, fera preuve d’une efficacité 100 à 1 000 fois supérieure à l’injection de plasma tiré de malades. Son effet sera de stimuler la défense immunitaire du/de la patient.e tout en ne déclenchant pas la fameuse tempête de cytokine qui a tué tant de contaminé.es. Avantage supplémentaire, le traitement se montrera insensible à l’âge du/de la receveur.se. Désormais, Xenothera est connu et reconnu par les spécialistes, à commencer par la docteure Karine Lacombe, chercheuse et infectiologue, cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, qui fut si médiatisée.

J’ai posé la question à Odile Duvaux : en a-t-on fini avec la covid ? Eh bien, pas tout à fait. Pour elle, qui souligne au passage qu’elle n’est pas infectiologue, l’épidémie va se maintenir à bas bruit, mais sans doute sans flambée nouvelle. Il n’empêche, me dit-elle, que des personnes vulnérables vont continuer à succomber. À moins que l’anticorps à l’essai ne soit enfin, le plus vite possible, autorisé en France et à l’étranger. Le XAV-19 serait alors l’un des traitements de choc d’un éventuel retour du virus. Une réussite comme nous les soutenons avec bonheur, dans ÉcoRéseau Business.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

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