Première franchise ? Mieux vaut se former à 100 % !

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Un franchisé débutant va affronter un double apprentissage professionnel : et le métier d’entrepreneur, et le métier propre du réseau qu’il rejoint. Alors, apprendre sur le tas ? Ou se donner les moyens d’accélérer le processus, se former et se donner toutes les chances ? Devinez la bonne option…

«Plus de 70 % des nouveaux franchisés sont des cadres en reconversion », constate Franck Berthouloux, consultant et coach chez TGS France. D’anciens salariés sans l’expérience de l’entrepreneuriat. Il s’agit pourtant de deux univers on ne peut plus distincts : « En tant qu’entrepreneur, on paie tout – y compris les charges –, on prend les risques…, souligne Emmanuel Jury, directeur associé chez Progressium. Ça ne veut pas dire qu’il faille se décourager. »

Apprendre le métier d’entrepreneur

Comme tout chef d’entreprise le dira, se glisser dans la peau d’un entrepreneur, c’est apprendre un métier à part entière, avec l’avalanche de tâches qui ne font pas à strictement parler partie du cœur de métier : gestion, comptabilité, RH… Et toutes ces compétences, transversales par nature, sont clés. Comprendre ce qu’est une liasse fiscale, une vraie stratégie de communication, une politique RH, etc., n’est pas instinctif : ça se travaille. Certes, « une partie importante – la plus importante – pour “devenir patron” est la personnalité, le caractère, souligne Sylvain Bartholomeu, associé chez Franchise Management. Et ça ne s’apprend pas. » Mais même le caractère le mieux trempé ne peut que bénéficier d’un apport de connaissances. Le même raisonnement tient pour des franchisés déjà établis.
Il ne faut pas oublier qu’un franchisé est un entrepreneur un peu spécial. La relation franchisé-franchiseur fait l’objet d’une législation et d’une jurisprudence nourries, avec appel à des notions bien spécifiques. Première nécessité absolue, il est essentiel, pour ne pas commettre d’impair, de se familiariser avec tous les concepts, obligations et devoirs du nouveau statut. « Un manque de connaissance est porteur de risque, par exemple si un franchiseur n’a pas bien défini la zone et que le franchisé ne s’en aperçoit pas », souligne Sylvain Bartholomeu. Oui, mais justement, une franchise, comparée à un projet entrepreneurial classique, simplifie le risque du futur franchisé : « Le positionnement, l’offre, le secteur d’activité, tout est choisi pour lui », souligne Franck Berthouloux. Et ce n’est pas rien !

Première nécessité absolue, il est essentiel, pour ne pas commettre d’impair, de se familiariser avec tous les concepts, obligations et devoirs du nouveau statut.

Le franchiseur se montrera plus ou moins « utile »…

Il est vrai qu’un franchiseur va assurer, après la signature du contrat, une formation. Il faut se garder d’imaginer qu’elle sera totale, suffisante et clés en main. « La formation à l’enseigne constitue sa version des choses », souligne Matthieu Douchy, président et fondateur de CréActifs, spécialisé dans le conseil et la formation pour la création, reprise et développement d’entreprises. « Il peut surgir une incompréhension liée à une méconnaissance du sujet par le franchisé. Se former en amont, avant de nouer des relations avec son futur franchiseur, assure la neutralité de l’information et du soutien, de quoi discuter d’égal à égal avec le franchiseur par la suite. » De plus, les franchiseurs ne peuvent, par obligation légale, considérer leurs franchisés comme de quasi-salariés, à former comme des gérants délégués. Au-delà du savoir-faire et du réseau lui-même – business model, concept… –, la formation interne connaît des limites, notamment la formation même à la gestion, limitée. Elle n’est du reste pas « obligatoire ». Du coup, certains abordent ces thématiques entrepreneuriales, d’autres non… « Souvent, la notion de “patron” est négligée dans la formation », confirme Bartholomeu, Franchise Management. Il appartient au futur franchisé de s’informer de la teneur de la formation initiale dispensée par le franchiseur. Mais de façon générale, « les enseignes ont tout intérêt à “prémâcher” le travail de son futur franchisé », estime Franck Berthouloux, TGS France.

Par exemple, de plus en plus de réseaux intègrent dans leurs manuels – qui se transforment progressivement en bases de connaissance – des informations sur le plan social, un sujet de plus en plus complexe et en évolution rapide : les normes diverses et variées, l’hygiène, les obligations d’affichage, les déclarations diverses en cas d’embauche, d’accident, etc. – la liste est longue.

Apprendre son cœur de métier

Outre cet aspect – essentiel – de chef d’entreprise, un nouveau franchisé va aussi, le plus souvent, devoir apprivoiser un nouveau secteur d’activité, dont il ne connaît pas nécessairement les codes ni la logique. La franchise constitue, par définition, un cas un peu particulier d’entreprenariat puisqu’elle repose sur le partage d’un concept, infusé aux nouveaux franchisés, intimement lié au cœur de métier du réseau : savoir-faire, business model, bonnes pratiques… Un nouveau franchisé n’a donc a priori pas besoin de se former par lui-même à sa future activité : c’est l’une des obligations du franchiseur. Et, pour tout ce qui concerne la technique, « les franchiseurs sont bien structurés », souligne Sylvain Bartholomeu. Ces formations assurées par le franchiseur revêtent plusieurs formes – sur le tas, en local, à distance… – et sont une partie essentielle du parcours d’intégration du nouveau franchisé dans le réseau. Il faut admettre que tous les réseaux ne sont pas égaux dans le degré de formation proposé. « C’est, en un sens, un indicateur de qualité de la franchise, estime Matthieu Douchy. Par exemple, chez McDonalds, la formation est de 8 mois… » Sérieux ! D’autres réseaux – les plus grands – ont mis en place des écoles internes. Mais tous ne sont pas dans ce cas de figure.

Selon l’activité de la franchise – et la qualité de son parcours d’intégration –, un complément de formation se révélera utile. Notamment pour certaines activités spécifiques comme la restauration où bien connaître le contexte de son activité (législatif, concurrentiel, etc.) va vraiment « faire la différence ». D’autant que les réseaux ont tendance à préférer des candidats qui ne sont pas du métier – l’idée qui prévaut consiste à dire qu’ils sont d’autant plus faciles à « mouler » dans le concept qu’ils n’ont pas d’habitudes déjà prises à remplacer.

« De fait, on recommande, selon les domaines envisagés, de recourir à ce type de formation très en amont de la réflexion sur le projet du candidat : il faut éviter de découvrir l’envers de son métier une fois les investissements déjà faits », recommande Matthieu Douchy. Selon l’activité choisie, la « manière d’être patron » diffèrera. Dans certains secteurs, le boss prend à son compte une forte dimension commerciale. Dans d’autres, c’est plutôt le managérial qui domine. Et tous les styles ne conviennent pas à tout le monde. Mieux vaut savoir comment on dirige selon les commerces…

Bon nombre d’agences de conseil, réseaux d’experts, etc., proposent des offres qui,
in fine, ressemblent plus à du coaching qu’à une formation à proprement parler. C’est une solution qui offre l’avantage de bénéficier de conseils taillés sur mesure à sa situation.

Où trouver des formations

Vous êtes bien décidé/e à vous former ? Un parcours du combattant commence. L’offre de formation pour les franchisés n’est pas pléthorique, contrairement à celle dont bénéficient les futurs franchiseurs – ils disposent même de plusieurs masters. Côté franchisés, outre les formations dispensées par les franchiseurs eux-mêmes, la Fédération française de la franchise propose, dans le cadre de son Académie de la franchise, une formation pour les futurs franchisés, plutôt brève (une journée sur place et/ou six modules à distance), mais qui contient l’essentiel sur les spécificités de la franchise. Les CCI et chambres des métiers proposent en plus régulièrement des formations sur l’entreprenariat et ses divers sujets transverses, mais sans se pencher sur les spécificités de la franchise.

Heureusement, il existe quelques sociétés privées qui ont décidé de combler le manque, notamment CréActifs, qui en a fait l’une de ses spécialités, et EFE pour une formation de deux jours sur les spécificités de la franchise. Sinon, bon nombre d’agences de conseil, réseaux d’experts, etc., proposent des offres qui, in fine, ressemblent plus à du coaching qu’à une formation à proprement parler. C’est une solution qui offre l’avantage de bénéficier de conseils taillés sur mesure à sa situation, mais qui n’est vraiment intéressante qu’une fois un projet déjà bien avancé (secteur et enseignes choisis). Une formation pure pourra justement aider lors de l’étape du choix du secteur et de l’enseigne : il s’agira de mieux comprendre le discours et les éléments présentés par le franchiseur.

Jean-Marie Benoist

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