Etre jeune et avoir la tête dans les étoiles avec la franchise ?
Etre jeune et avoir la tête dans les étoiles avec la franchise ?

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Forever Young

Les réseaux suscitent des vocations d’aventures en franchise chez les jeunes. Un moyen de se dynamiser…

Damien Morin, fondateur et CEO de Save, dans la réparation de mobiles, Alexandre Malsh, fondateur et CEO de Melty, groupe multimédia online, Céline Lazorthes, créatrice et dirigeante Leetchi, Thierry Debarnot, à l’initiative de DigiSchool, pure player spécialisé dans l’enseignement et la formation…Tous ont entrepris avant 30 ans. Tous sont aujourd’hui à la tête de start-up qui font baver les fonds d’investissement. Tous ont entrepris dans une activité de niche, un créneau technologique, peu ou pas investi. Mais comment faire pour créer sa boite lorsque nous ne possédons ni l’idée, ni les fonds nécessaire au démarrage ? Mission impossible pensez-vous. Eh bien détrompez-vous ! C’est une tendance encouragée dans le monde de la franchise, où entreprendre avant 30 ans reste une opportunité plus réaliste grâce aux apports du réseau. Analyse du phénomène.

Partager et réduire la prise de risques

En France, nous n’aimons pas les patrons et rêvons tous d’entrepreneuriat. A croire que nous sommes persuadés de pouvoir réinventer la poudre de la gestion et du bien-être au travail si nous étions nous mêmes aux rênes de notre propre affaire. Quoi qu’il en soit, en 2016, nombreux sont les signes qui attestent d’un sursaut dans la volonté de créer. Selon un sondage OpinionWay du début d’année, nous serions 37% à vouloir entreprendre. Un taux record depuis 15 ans.

Par ailleurs, selon le portrait-robot dressé par la FFF (Fédération française de la franchise), la franchise séduit en premier lieu et en grande majorité des hommes d’environ 46 ans, pour la plupart anciens salariés. Chez les jeunes, selon une étude menée par l’Association Jeunesse et Entreprises sur « les motivations et les freins des jeunes à entreprendre », il apparait que pour 67 % d’entre eux le goût d’entreprendre répond avant tout à la volonté d’être acteurs plutôt que spectateurs de leur activité. Une quête de sens en quelque sorte, que corroborent également Sonia Russon et Charles Rioux, franchisés Segafredo Zanetti, qui ont entrepris en franchise avant les 30 ans: « nous étions tous deux managers. Nous faisions de gros horaires. Et nos emplois étaient très exigeants. Partir en franchise fut pour nous le moyen de mettre cette exigence à notre propre compte tout en retournant près de nos premières pénates en région nantaise ».

« La jeunesse n’est en rien un obstacle. En charge de deux incubateurs, j’observe que les jeunes possèdent un taux de succès aussi fort que leurs aînés », se réjouissait Julien Morel, directeur exécutif d’ESSEC Ventures dans les colonnes d’EcoRéseau Business n°12. Oui, les préjugés à l’égard de la jeunesse sont nombreux : manque d’expérience, manque de compétences, manque de liquidés, peur de l’échec, méconnaissance voire même ignorance de l’écosystème entrepreneurial… A ces nombreux freins s’ajoutent aussi la pression familiale et celle de l’entourage, qui ont souvent raison des velléités entrepreneuriales des plus jeunes à coup de « Et si tu ne réussis pas, que feras tu? Et combien d’argent auras tu perdu? » Des arguments qui expliquent pourquoi les jeunes, malgré l’envie, ne vont pas obligatoirement au bout de leur idée.

Le modèle de la franchise n’échappe pas non plus à cette tendance. En 2015, seuls 15% des profils qui accédaient à la franchise faisaient partie de la tranche d’âge des 18-34 ans, tandis qu’ils étaient 20% en 2005 ! Dans le même temps, force est de constater que le facteur qui explique le plus le choix de la franchise reste le changement d’activité suite à une/plusieurs expérience(s) significatives. Effectivement, l’année dernière, les franchisés étaient à 76% d’anciens salariés reconvertis. Le choix d’ailleurs qu’ont fait Sonia Russon et Charles Rioux après des expériences menées dans le bâtiment et l’événementiel.

Pourtant, le modèle de réseau en franchise rassure et comporte des atouts qui permettent aux plus jeunes de se lancer à leur propre compte. Devenir indépendant sous enseigne franchisée autorise également les reconversions rapides et la mobilité. Au final, le modèle de la franchise correspond aux parcours professionnels actuels de la jeunesse qui souhaite travailler à son compte, faire preuve de mobilité et mettre du sens dans ce qu’elle entreprend. Mieux même. Il autorise également de belles perspectives de développement. « Nous sommes partis au départ dans la franchise pour bénéficier d’un concept fort et d’une marque très connue. Aujourd’hui, le modèle en franchise n’est plus là pour nous rassurer. Nous pensons désormais à nous développer en songeant à ouvrir de nouveaux points de ventes », expliquent Sonia Russon et Charles Rioux qui se situent à leur quatrième année de contrat avec Segafredo.

Vous avez un peu trop sollicité votre tirelire ? Votre franchiseur pourra certainement vous aider...
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Le manque d’argent, ce vilain défaut

« Hormis le point financier, le modèle en franchise minimise les risques inhérents à l’entrepreneuriat : le manque d’expérience est compensé par la transfert de savoir-faire, l’animation du réseau, les formations initiale et continue et les relations franchiseur-franchisé et franchisé-franchisé.», pointe Rozenn Perrigot, Titulaire de la Chaire Franchise & Commerce en Réseau, Maître de Conférences HDR à l’IAE Rennes – Université de Rennes 1.

Entreprendre passe souvent par la case emprunt. Convaincre son banquier, c’est avant tout attester de la solidité de son projet. En ce sens, rencontrer son banquier avec un projet de franchise permet de prouver de facto la rentabilité du concept et la plus-value du savoir-faire, ainsi que l’appui et l’accompagnement d’un réseau. L’ensemble de ces éléments permet souvent de décrisper certains banquiers. D’ailleurs, il n’est pas rare que les banques aient leur pôle franchise spécifique pour aider les porteurs de projet. « Plus qu’une question d’âge, l’un des freins à l’entrée à la franchise demeure la capacité financière des candidats », analyse Rozenn Perrigot. Et Ronan Perez, directeur de la franchise Le fournil des provinces d’ajouter : « Nous n’avons pas beaucoup de demandes émanant de jeunes profils, pour la simple et bonne raison que l’apport personnel que nous demandons aux candidats est fixé à 150 000 euros ». Les secteurs d’activité nécessitant des gros apports peuvent donc échauder la jeunesse : hôtellerie, épicerie fine, prêt à porter dont les magasins nécessitent d’investir dans de grands espaces… Face aux difficultés de financement, les mentalités évoluent au-delà des frontières de la franchise. L’Adie fait partie de ces acteurs financiers qui permettent un accès facilité au micro-crédit pour pouvoir se lancer. En partenariat avec le réseau de Banques Populaires, cette dernière s’est également engagée à débloquer un fonds pour permettre à 1 000 jeunes chaque année de bénéficier de prêts sans intérêt pour financer la création ou le développement de leur entreprise. D’autres organismes spécifiques au monde de la franchise développent des dispositifs incitatifs pour permettre aux plus jeunes de se lancer en franchise. L’Iref et le cabinet de conseil de Michel Kahn (Michel Kahn Consultants Franchise & Partenariat) ont créé, il y a plusieurs années une plateforme de crowdfunding pour réaliser une première levée abondant l’apport qui permet de convaincre les banques avant l’octroi du crédit.

Coté franchiseurs, certains enseignes, dans le secteur de l’alimentation ou de la restauration rapide en particulier, proposent même un modèle moins coûteux à l’investissement : celui de la location gérance. L’apport de départ est parfois divisé par trois. Une étape que s’autorisent certaines têtes de réseaux pour ne pas laisser sur le carreau des candidats motivés et informés, dont les ressources seraient le seul point à faire vraiment défaut pour l’acception de la candidature. Dans ce modèle, et comme le nom l’indique, les gérants ne sont pas propriétaires de leur fonds de commerce. En revanche, au terme de plusieurs années, la franchise peut décider d’un passage au statut de franchisé en tant que tel. Les têtes de réseaux mettent ainsi en place de véritables parcours de réussite. Ce faisant, la confiance d’un franchiseur s’évaluera à l’aune d’un bilan comptable ou de résultats.

Autre modèle développé chez Ucar, celui du franchiseur qui se porte garant en tant que personne morale du franchisé junior qui n’aurait pas les moyens d’investir 100 000 euros pour entrer dans la franchise. La mise en place de ce dispositif uniquement dédié aux plus jeunes, leur permet de diviser l’apport initial par deux, soit 50 000 euros, tandis que le franchiseur assure une garantie supplémentaire auprès des banques pour l’apport de la somme restante. Des partenariats rendus possible entre le monde de la franchise et celui de la finance, grâce à la pérennité et la renommée de certains réseaux.

Favoriser les jeunes et l’inter-génerationnel au sein d’un réseau

Pour certains secteurs comme celui des soins aux particuliers, le choix de la jeunesse des franchisés est un parti pris pour coller au cœur de cible visé en matière de clientèle. L’approche du recrutement de jeunes franchisés peut donc faire partie de l’ADN et de la philosophie recherchée d’une tête de réseau par rapport à l’image qu’elle véhicule. Par exemple, la moyenne d’âge des franchisés Mie Caline, franchise de terminaux de cuisson, est évaluée aux alentours de la trentaine. Mais recruter jeune pour ce type de franchise a été rendu possible en amont par des décisions favorisant l’insertion de profils plus jeunes : celle de mettre en valeur les salariés en consolidant les ponts vers des postes de gérants, celle d’encourager la location-gérance et enfin celle de créer en 2007 un centre de formation dédié, pour que la formation initiale soit irréprochable pour les candidats en cruel manque d’expérience. La volonté pour le franchiseur de recruter plus jeune s’explique également dans les valeurs positives qu’il veut véhiculer : créativité, prise de risque, maîtrise des codes de la communication moderne, agilité… Plus facile de former à 25 ans plutôt qu’à 45 ans…

Autant de qualités nécessaires lorsqu’il s’agit de faire un « reboot » de sa vie professionnelle antérieure avec les nouveaux codes de la franchise. « Du point de vue du franchiseur, recruter des franchisés jeunes peut présenter de nombreux avantages. Les jeunes franchisés sont souvent forces de propositions pour améliorer le concept, ils véhiculent une image dynamique du réseau. Ce sont des profils qui se caractérisent par une soif d’apprendre et d’entreprendre, soutient Rozenn Perrigot. Dans une perspective de développement et d’animation, l’idéal pour un réseau de franchise est d’avoir un mix de franchisés de tout âge afin qu’une certaine émulation se crée entre les jeunes et les moins jeunes. La diversité des profils, des expériences et des âges constitue la richesse d’un réseau et contribue à faire évoluer les concepts ». Et Patrick Bachey, Directeur du développement du réseau Bistro Régent de conclure : « Nous ne faisons pas de distinction d’âge. Ce n’est pas ce qui prévaut pour choisir un candidat. Certains de nos franchisés sont rentrés à l’âge de 23 ans. C’est notre rôle de moduler notre accompagnement selon une expérience plus ou moins forte et d’accompagner dans la réussite. La franchise est un modèle intéressant pour tous les profils, autant seniors que juniors ». La jeunesse ? Volontiers, mais pas seulement visiblement….

Geoffroy Framery

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